Les petits mouchoirs ...
Pas très enthousiaste mais toutefois curieuse, je suis allée voir "les petits mouchoirs" ... Après tout entourée de cette "bande de potes", il y avait peu de chance que je passe une mauvaise soirée ...
J'avoue avoir été déjà un peu refroidie quand nous avons appris à l'entrée de la salle que ce petit film durerait 2h34 ...
Le film démarre avec le délicieux Jean Dujardin, mais aussi dix premières minutes d'une rare prévisibilité ... ô quel supense !
Et une bande de copains, de laquelle je me suis très rapidement dite ... que je ne voudrais surtout pas avoir les mêmes :
Leur copain est à l'hosto, en soin intensif mais bon ... après douze secondes de réflexion commune, ils décident qu'ils partiront quand même en vacances au cap ferret tous ensemble, comme chaque année, parce que quand même ça servira à quoi qu'ils restent auprès de leur pote ....ben ouais quoi !?
Et chacun part dans cette belle maison du bassin d'Arcachon, avec leurs véritables soucis existentiels et leur petit personnage caricaturé :
* Il y a l'homo ... enfin pas vraiment homo, juste amoureux de son ami de quinze ans, refoulé ...
* Sa femme complémentent nympho et frustrée, sous ses airs de douce épouse ...
* La trentenaire joint addict, la bonne pote qui couche avec qui veut (ou presque), qui rit, qui pleure, qui fait la gueule...
* Le bon gars qui s'est fait plaqué par sa femme, qui cherche du réconfort auprès de ses merveilleux potes et se fait merveilleusement rembarré à chaque fois...
* Le macho un peu beauf qui s'aperçoit qu'en fait "merde je suis qu'un con, elle m'a quitté, mais je l'aiiiiiiime, zut alors !"
* Le couple (le duo Cluzet/Bonneton) qui invite et rince tout ces joyeux drilles ... J'avoue les personnages les plus drôles et attachants ...
Que dire du casting, franchement déçue par le physique et le corps bodybuildé de Magimel, moi qui l'aimait tant fragile et élégant ...Déception ... Horrifiée par la pleurnicheuse Cotillard, quelle exaspérante tragédienne, la subir dans un film est définitivement devenu au dessus de mes forces !!
Mais je dois le dire séduite par Lellouche et carrément sous le charme de Cluzet,les seuls à être parvenus à me surprendre et à me faire beaucoup rire !
Pour conclure, une chute et un rebondissement, des plus faciles pour faire pleurer dans les chaumières et nous envahir de bons et mielleux sentiments ...
Quand à la fin, je m'en suis épargnée ... nous nous sommes éclipsés avant les vingt dernières minutes (enfin je pense) ... profitant d'une interruption momentanée de la séance à cause d'un petit malaise d'un monsieur dans la salle ... Je pense qu'il va bien alors je lui dis "merci monsieur" ...
Après j'arrête ... ou pas ...
J'avoue, trois fois en quelques mois, ça commence à faire obsessionnel. Mais après tout, je ne vois pas pourquoi je résisterais à cette envie de le voir et pourquoi je me passerais d'un tel plaisir.
Quelques heures de route (ouf, j'avais pu faire le plein d'essence) pour retrouver un écrin de tout juste 200 personnes, chaleureux et confiné. La première partie, le groupe Siam (très prometteur) sort de scène, les techniciens préparent l'arrivée de Miossec, l'un d'entre eux vient poser la play-list par terre, au pied du micro, sur laquelle j'ai le plaisir de lire qu'il y aura 4 titres inédits, de nouvelles chansons qu'il testera avec nous. De mémoire : "les hommes battus", "c'était mieux avant", 'le christ scotché" et grr je ne sais plus ...
Et un groupe, une prestation, un artiste toujours aussi rageur et sensible. Il m'a une fois de plus littéralement retournée! ll est je pense un des seul à savoir si bien écrire et exprimer l'amour.
Accoudée à la scène, j'avais juste envie de faire un pas en avant jusqu'à lui , monter sur les planches, le serrer dans mes bras puis redescendre. Juste pour lui exprimer ma gratitude d'exister ... ... Mais bon ... hum, hum ... je sais pas pourquoi j'ai pas osé !!!
Robert DOISNEAU ...
Ma petite ville a le grand privilège d'accueillir, jusqu'à la fin du mois, une exposition de Doisneau . 120 des photographies de l'artiste prises entre 1932 et 1991.
Ces clichés en noir et blanc apportent à la fois un témoignage sur l'histoire de l'époque et la carrière de Doisneau.
Commandes pour des magasines, journaux, etc. ou photographies prises sur le vif, il donne à voir des scènes toujours émouvantes, empreintes de nostalgie et de tendresse.
Moi, ces images me replongent au beau milieu de mes années lycée. Les photos collées dans mon agenda, les posters scotchés sur les murs de ma chambre, les cartes postales témoins des petits mots tendres d'amourette ... Ah! qui n'a pas reçu le fameux "baiser de l'hôtel de ville" d'un de ses chers prétendants !?
Mais j'avoue que aujourd'hui, c'est avec un autre regard et de nouvelles émotions que j'ai redécouvert cet univers.
Les frères (1934)
Picasso aux petits pains
"Mourir pour des images"
"Qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Molène voit sa peine, qui voit Sein voit sa fin"
En 1958, Roger Vogiel et Alain Kaminker témoignent de la réalité du proverbe breton dans un documentaire retraçant la vie rude et particulièrement difficile des habitants de l'ïle de Sein pendant la saison de l'hiver : La Mer et les jours.
On y découvre, une vie austère, des marins guettant la mer jour et nuit, des femmes toutes de noirs vêtues ... Elles avaient toutes au moins vécu une fois le deuil de l'un de leurs hommes, hâppé par celle qui les emprisonnait mais par qui arrivait aussi leur subsistance. La mort fait partie intégrante de leur vie. Mais on y découvre surtout des gens solidaires et amoureux de leur île, de leur mer.
On y découvre également des héros anonymes, portant secours aux naufragés, menant durant trois heures un canot dans une houle improbable pour emmener une petite fille blessée sur le continent. Mais le plus impressionnant à mes yeux, les images de relève et de ravitaillement des gardiens de phares de pleine mer, par gros temps, de véritables exploits de précision et de virtuosité !
Un vrai documentaire, à l'état brut, plein d'enseignements et d'humilité. Ce film est d'ailleurs celui que se transmettent les Sénans de génération en génération, comme un garant et un témoin de leurs racines.
Mais la tragédie de l'histoire de ce tournage : Alain Kaminker, le frère de Simone Signoret, est emporté par une lame, lors d'une prise de vue. Il voulait tellement ramené les images d'une des fameuses tempêtes de Sein ...
Et avant-hier la diffusion de ces images était merveilleusement complétée par le film de Monsieur René VAUTIER "Mourir pour des images" de 1971 qui retrace l'histoire du tournage et rend un émouvant hommage aux Sénans et à Kaminker (d'ailleurs enterré sur l'île, pour la petite anecdote, Marcelline, qui a hébergé le défunt durant son séjour, voulait être dans le même tombeau que lui pour l'éternité, ses dernières volontés ont été respectées...).
La conférence a lieu en présence du vieux et ma foi hardi, monsieur Vautier, 82 ans, cinéaste breton engagé ... un des plus censuré, nous dira t- il ... Et il nous régalera de son vécu, et de ses anectodes des plus vivantes et croustillantes !
Un excellent moment et qui ... nul besoin de le préciser ... me donne encore et davantage l'envie de revoir cette île !